Face à la recrudescence des violences sexuelles dans le contexte des conflits armés, les organisations féminines regroupées au sein de la Composante Femme de la Société Civile du Sud-Kivu tirent la sonnette d’alarme.
Lors d’un point de presse tenu ce jeudi 13 février 2025, elles ont dénoncé l’utilisation du corps des femmes comme une arme de guerre et exigé des actions concrètes pour mettre fin à ces atrocités.
Au nom.de cette composante, MmeThérèse Mema, a fait savoir que l’objectif est de rappeler au gouvernement congolais ainsi qu’aux rebelles du M23 soutenus par le Rwanda que le droit international considère le viol et les violences sexuelles comme des crimes de guerre. Ces acteurs doivent en tenir compte lors des affrontements.
« Nous ne comprenons pas quel est le rapport entre le corps des femmes et la chasse à l’ennemi. Pourquoi le corps des femmes doivent-ils être un champ de bataille ? » s’est-elle indignée, avant d’ajouter :
« Pourquoi toujours des viols ? Qu’avons-nous à voir avec ce conflit dont nous ne connaissons ni l’origine, ni les causes ? »
Dans leur déclaration, ces femmes signalent qu’entre le 20 janvier et le 9 février 2025, les hostilités se sont intensifiées dans plusieurs localités du territoire de Kabare aggravant la situation des populations civiles.
Selon la Composante Femme plus de 12 cas de viols sur des jeunes filles de moins de 18 ans ont été documentés en l’espace de quelques jours.
Ces femmes leaders de la société civile du Sud-Kivu citent en titre d’exemple récent le cas d’une adolescente de 16 ans qui a été fusillée à bout portant à Kashusha après avoir résisté à ses agresseurs. Grâce à l’intervention des femmes de la société civile et des acteurs locaux, elle a pu être évacuée vers un centre de soins.
Entre le 6 et le 9 février 2025, 12 femmes ont été violées dans les territoires de Kabare et Kalehe. Quatre d’entre elles ont été tuées après avoir subi ces violences, apprend-t-on de la société civile.
Les villages de Buhandahanda et Businde ont été particulièrement touchés, où des jeunes filles ont été agressées sur le chemin menant aux points d’eau ou à l’intérieur même de leurs maisons.
Face à cette crise, la Composante Femme exige , L’arrêt immédiat des violences sexuelles utilisées comme arme de guerre ,un accompagnement holistique (psychologique, médical et juridique) des victimes, la mise à disposition de kits de prise en charge post-viol dans les structures sanitaires du Sud-Kivu, une prise en charge effective des femmes et enfants victimes par le gouvernement congolais ainsi qu’une réaction ferme de la Cour Pénale Internationale (CPI) contre les auteurs de ces crimes.
« Les responsables de ces atrocités doivent être traduits en justice. Ces crimes sont imprescriptibles, et nous demandons au procureur de la CPI d’ouvrir des enquêtes sans délai », a martelé Anne Mushigo Furaha, vice-modératrice de la Composante Femme de la Société Civile du Sud-Kivu.
Alors que les affrontements se poursuivent dans plusieurs territoires, les organisations féminines du Sud-Kivu restent mobilisées pour dénoncer ces crimes et exiger la protection des victimes. Elles rappellent que cette lutte ne peut être gagnée sans l’implication des autorités nationales et de la communauté internationale.
Prisca Byamungu