Entre janvier et juin 2025, la province du Sud-Kivu a enregistré 93 cas de suicide, révélant une montée alarmante des troubles psychologiques.
Face à cette situation, la Division Provinciale de la Santé (DPS) a lancé un appel urgent pour faire de la santé mentale une priorité dans les politiques publiques et les actions communautaires.
Placée sous le thème national « Promouvoir la santé mentale pour une paix durable en RDC », la journée dédiée à cette cause a mis en lumière le lien étroit entre bien-être psychologique, cohésion sociale et stabilité, dans un contexte marqué par les crises humanitaires et les violences domestiques.
Selon les données de la DPS, 118 379 cas de troubles mentaux ont été recensés dans les structures sanitaires de la province au cours du premier semestre 2025. Parmi eux 10 888 cas de stress post-traumatique, 6 178 cas de dépression, 2 437 cas de toxicomanie, 93 cas de suicide
Michel Maneno, chef de division intérimaire à la DPS, souligne que ces chiffres traduisent l’impact direct de la pauvreté, du chômage et des violences sur la santé mentale. Il alerte sur une crise silencieuse qui touche particulièrement les femmes victimes de violences sexuelles, les enfants déplacés et les jeunes marginalisés.
Pour faire face à cette urgence, la DPS a déployé des psychologues et agents psychosociaux dans plusieurs zones de santé, notamment à Bukavu, Kalehe, Kabare et Uvira. Des cellules de soutien psychologique ont été créées dans certains hôpitaux généraux, mais le manque de moyens reste un obstacle majeur: pénurie de médicaments adaptés, absence de centres spécialisés et besoin urgent de formation continue.
Madame Lumière Singay, point focal de ASAS-RDC insiste sur la nécessité d’un appui technique et financier durable pour garantir une prise en charge de qualité.
Le chef de la DPS, Dr Pépin Nabugobe Shamavu, rappelle que les blessures invisibles de l’esprit alimentent les tensions communautaires et entretiennent les cycles de violence. Il appelle à une mobilisation des leaders politiques, religieux, enseignants et médias pour promouvoir le bien-être psychologique.
Malgré les défis, des initiatives locales émergent: groupes de parole pour femmes, clubs de résilience pour jeunes, programmes radio de sensibilisation et séances de psychothérapie collective. Ces efforts montrent que la guérison est possible lorsque les communautés s’approprient la question de la santé mentale.
Selon le Dr Nabugobe, « tant que les esprits restent blessés, la paix reste fragile ». Prendre soin de sa santé mentale n’est plus une option, mais une condition essentielle pour bâtir une paix durable en République Démocratique du Congo.
RÉDACTION