L’île d’Idjwi, perle du lac Kivu, est aujourd’hui le théâtre d’une crise environnementale d’une ampleur inédite. Depuis juin 2025, des perturbations climatiques répétées ont bouleversé la vie de ses 300 000 habitants, dont la survie repose essentiellement sur l’agriculture, la pêche et l’élevage.
Les pluies diluviennes qui s’abattent sur le territoire ont provoqué des dégâts massifs, menaçant les infrastructures vitales et plongeant la population dans une détresse croissante.
Villages ravagés, écoles et églises détruites
Le mercredi 8 octobre, le groupement de Bugarula, en chefferie Rubenga, a été durement frappé par des averses torrentielles. Les champs cultivés ont été emportés par les érosions, des maisons se sont effondrées, et plusieurs lieux de culte ont été réduits à néant. À Kibanda, l’église de la 3ᵉ CBCA n’a pas résisté. À Kisheke, l’école primaire E.P Lemera 1 a vu ses six salles de classe gravement endommagées, certaines complètement détruites.
Binombe Mananga, habitant de Kashiraboba, témoigne de la destruction de l’église Guérison des âmes et de trois maisons voisines. Quelques jours auparavant, le 5 octobre, l’école E.P Moria 2 dans le groupement Mpene (chefferie Ntambuka) a été balayée par des vents violents, laissant 264 élèves sans lieu d’apprentissage.
L’hôpital de Monvu en péril
Le plus grand hôpital de l’île, situé à Monvu, est également menacé. Des images partagées par le médecin chef de zone, Aimé Nkemba, montrent des érosions dangereusement proches des bâtiments hospitaliers. Les patients, déjà fragilisés, craignent pour leur sécurité. Des appels à une intervention rapide se multiplient pour éviter une catastrophe sanitaire.
Urgence écologique et appel à l’action
Face à cette situation critique, les experts environnementaux tirent la sonnette d’alarme. Heri Mwema Trésor, acteur de développement, recommande le reboisement avec des plantes brise-vents et une meilleure planification des constructions. Il dénonce la déforestation comme facteur aggravant du dérèglement climatique.
La radio communautaire Obuguma, basée à Bugarula, sensibilise la population aux dangers de la coupe abusive des arbres. Lors de son émission _Sote kwa Uongozi Bora_, Wasolela Masilia, chef de service de l’environnement, a annoncé des enquêtes et des sanctions contre les auteurs de feux de brousse et de cultures sur brûlis.
Solidarité attendue
Des appels pressants sont lancés aux organisations humanitaires et aux personnes de bonne volonté pour venir en aide aux familles sinistrées et aux enfants privés d’école. L’île d’Idjwi, déjà vulnérable, a besoin d’un soutien immédiat pour faire face aux effets du changement climatique et reconstruire ses fondations sociales.
✍️ par Antonius BAFUNYEMBAKA