Le Conseil supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), pilier de la régulation médiatique en République démocratique du Congo, traverse une crise sociale sans précédent.
Les agents et cadres de cette institution cumulent 28 mois d’arriérés de salaire, une situation qu’ils qualifient d’« invivable » et qui met en péril leur quotidien ainsi que l’efficacité de leur mission.
Privés de rémunération depuis plus de deux ans, les employés du CSAC tirent la sonnette d’alarme. « Le salaire est vital. Aujourd’hui, nos enfants ne vont plus à l’école, nous ne mangeons plus à notre faim, et nous perdons notre dignité », déplore Augustin Mukoka, agent de l’institution, cité par [Radio Okapi.
Plusieurs témoignages font état de familles disloquées, d’enfants déscolarisés et de l’impossibilité d’accéder aux soins de santé de base.
Bruno Mbolison, vice-président en charge de l’administration au CSAC, appelle les autorités à agir rapidement. « Il est impensable qu’un organe d’appui à la démocratie fonctionne sans moyens, ni motivation pour ses agents », a-t-il déclaré, soulignant l’urgence d’une solution durable pour préserver le rôle stratégique du CSAC dans la lutte contre la désinformation et les discours haineux.
Un nouveau barème salarial, signé en janvier 2023, reste à ce jour lettre morte. Ce retard alimente le sentiment d’abandon chez les agents et compromet davantage la stabilité de l’institution. Des analystes s’inquiètent des répercussions sur la régulation des médias, particulièrement dans les zones sensibles à l’Est du pays, où les tensions ethniques exacerbent les risques de manipulation de l’information.
Le CSAC, censé garantir l’équilibre et la responsabilité dans le paysage médiatique congolais, se retrouve aujourd’hui affaibli. Cette crise sociale ne menace pas seulement les agents, mais l’ensemble du système démocratique qu’il est censé soutenir. Sans une intervention rapide, c’est la crédibilité même de la régulation médiatique qui pourrait s’effondrer.
Alors que la RDC s’apprête à vivre des échéances électorales cruciales, le dysfonctionnement du CSAC pose une question fondamentale: comment garantir une information libre, équilibrée et responsable dans un pays où les régulateurs eux-mêmes luttent pour survivre?
RÉDACTION